
Mésinformation, malinformation, désinformation⚓
Claire Wardle établit trois catégories : la malinformation, la mésinformation et la désinformation.
Malinformation
Il s’agit ici d’utiliser de vraies informations mais dans le but de créer un désordre informationnel. La malinformation est le plus souvent dirigée envers une personne.
Il s'agit souvent d'informations réelles mais partielles. On ne sélectionne que les éléments qui vont discréditer la personne à l'exclusion des autres : effet de cadrage ou biais de sélection.
Définition : En bref
Définition : une information vraie utilisée de manière à nuire ou à causer du tort à une personne, une organisation ou un groupe.
Critères de distinction
Véracité : l’information est factuelle, mais son utilisation est malveillante.
Intention : nuire à une réputation ou causer du tort.
Contexte : sortir l’information de son contexte pour amplifier l’impact négatif.
Exemple : publier des informations personnelles et sensibles sur une personnalité publique (doxing) pour lui porter atteinte.
Mésinformation
L’ajout du préfixe mes- au mot "information" lui donne une valeur péjorative et en fait donc une mauvaise information, qualitativement imparfaite en raison d’erreurs de différentes natures (précipitation et absence de vérification, superficialité de traitement et incomplétude, non-actualisation de contenus et obsolescence, faux pour faire rire). La mésinformation n’est pas liée à une intention de tromper.
Elle est involontaire et relève plus de l’erreur ou de l'ignorance.
Source Clémi
Lorsque nous relayons de fausses informations sur internet ou les réseaux sociaux sans le vouloir ou de manière naïve, par précipitation ou par manque de vérification, il s'agit d'une situation de mésinformation. Mais attention, ce n'est pas parce que nous propageons une infox sans intention de nuire que celle-ci n'a pas été produite à l'origine avec de mauvaises intentions.
Définition : En bref
Définition : un contenu incorrect ou trompeur diffusé sans intention de nuire, souvent par ignorance ou négligence.
Critères de distinction
Véracité : les faits sont erronés.
Intention : pas de volonté délibérée de tromper.
Origine : peut résulter d’une mauvaise interprétation ou d’un manque de vérification des sources.
Exemple : partager une fausse rumeur sur les réseaux sociaux en pensant qu’elle est vraie.
Désinformation
Préfixe latin dis- marquant la séparation, la négation. Définie par le dictionnaire Le Robert comme l’"utilisation des techniques de l’information de masse pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits".
C’est un processus de communication qui consiste à utiliser les médias de masse, dont les réseaux sociaux, pour transmettre des informations partiellement ou totalement erronées dans le but de tromper ou d’influencer l’opinion publique et de l’amener à agir dans une certaine direction (motivations idéologiques, financières ou ludiques).
Source Clémi
Définition : En bref
Définition : un contenu intentionnellement faux ou manipulé, créé dans le but de tromper, manipuler ou influencer les opinions ou les actions.
Critères de distinction
Véracité : les faits sont faux ou manipulés.
Intention : tromper ou manipuler le public.
Origine : créée délibérément pour induire en erreur.
Exemple : diffuser une fausse vidéo montrant un événement qui n’a jamais eu lieu pour influencer des élections.
Mauvaises intentions ?⚓
Le terme "fake news" est utilisé dans le langage courant pour désigner tous types de fausses informations. Or, bien qu'elles soient erronées, ces publications ne sont pas nécessairement malintentionnées.
Entre la simple erreur, le canular, la calomnie ou la théorie du complot, les auteurs de ces contenus obéissent à des motivations parfois distinctes.
Motivations et intentions
Quiz
Le but de l’activité proposée est d’apprendre aux adolescents à identifier, différencier et reconnaitre les différents types d’intentions qui motivent les productions de fausses informations.
Mieux comprendre les intentions qui se cachent derrière les fausses informations permet d’appréhender les catégories qui composent la désinformation.

Solutions⚓
Typologie de la désinformation (analyse des questions du quiz)⚓
Les erreurs journalistiques⚓
Catégorie

Questions 4 et 9


Les erreurs journalistiques sont le plus souvent dues à un emballement médiatique, une actualité "chaude" qu'il faut traiter rapidement pour être le premier à publier le scoop.
La précipitation peut parfois conduire certains journalistes à passer outre les procédures de vérification des faits et des sources auxquelles ils sont tenus.
Cependant, lorsqu'un média sérieux se trompe, il publie ensuite assez rapidement un rectificatif pour informer ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs. Il en va de sa réputation.
Conséquences
Même si la fausse information est involontaire, cela peut nuire à la réputation de la victime, d'autant plus si le média ayant diffusé la fausse information est considéré comme sérieux.
Cependant, une fois que la fausse information est publiée, le mal est fait et rien ne garantit que le public ait pris connaissance du rectificatif.
Il faut beaucoup plus de temps pour regagner une réputation que pour la perdre.
Le canular⚓
Catégorie

Un canular est une blague, une farce, une plaisanterie qui prend la forme d’une fausse information dont la nature est toujours révélée assez rapidement après sa diffusion.
Certains sites parodiques et satiriques comme le Gorafi se sont spécialisés dans la publication de canulars. Leur but est de faire rire et réagir en caricaturant l'actualité.
Conséquences
De manière générale, les canulars sont sans danger car ils ne cherchent pas à créer l'illusion. L'aspect caricatural des publications est assez rapidement identifié. Cependant il arrive parfois que ces fausses informations soient prises au premier degré et que des internautes, des personnalités et même certains médias se fassent piéger. À force d'être relayés, extraits de leur contexte, voire parfois tronqués ou réutilisé par d'autres médias, les canulars peuvent être plus difficiles à repérer.
L’escroquerie⚓
Catégorie

Les escroqueries visent à soutirer de l'argent en diffusant un message attrayant ou inquiétant. Elles peuvent prendre plusieurs formes.
Les publicités mensongères
Les publicités mensongères promettant de fausses vertus supposées à un produit dont l'efficacité scientifique n'est en réalité pas établie voire démentie (guérison, gain d'argent, perte de poids, etc.).
Hameçonnage, ou phishing
L'hameçonnage, ou phishing, est une technique frauduleuse sur internet. L'escroc se fait passer pour un organisme connu. L'internaute est alors invité à remplir un formulaire, ouvrir une pièce jointe ou cliquer sur un lien. L'escroc en profite alors pour récupérer des informations personnelles, coordonnées bancaires, données, installer un virus sur l'ordinateur ou extorquer de l'argent. Il peut s'agir de faux sites de vente ou de fausses annonces de location, de mail ou sms à l'aspect officiel (impôts, La poste, opérateur téléphonique, services publics) demandant de régler une facture ou de reporter la livraison d'un colis moyennant finance, etc.


Dans tous les cas, ces arnaques reposent sur des leviers émotionnels, comme les aspirations de chacun à gagner plus, à être en bonne santé, à trouver le bonheur, l'amour, être honnête, etc. ; mais aussi, les peurs et les craintes comme la mort, la maladie, l'insécurité, etc.).
Buzz – Piège à clic (clickbait)⚓
Catégorie

Réponse à la question 7


Le piège à clic (clickbait en anglais) est un contenu web aguicheur visant à attirer le maximum de passages d'internautes sur une page web dans le but de générer des revenus publicitaires ou d'augmenter la popularité d'un site ou d'un compte.
Le piège à clics se traduit le plus souvent par une image impactante et un titre racoleur qui jouent sur la curiosité et les émotions du lecteur en attirant son attention par des annonces à caractère sensationnel. La formulation du titre met en appétit le lecteur et l'incite à cliquer sur le lien de l'article pour en savoir plus : "Révélation sur ...", ''Incroyable mais vrai, l'histoire extraordinaire de ..." , "Vous ne croirez jamais ce qui arrive à cette personne quand ...", etc.
Il ne s'agit pas systématiquement d'une fausse information mais d'un contenu le plus souvent pauvre et trompeur, dont le but n'est pas d'informer mais de générer du flux.
Avec le piège à clic il est nécessaire de cliquer sur le titre pour savoir ce qu’il y a derrière, parce que c’est comme cela que le média sera rémunéré. Comme le souligne Olivier Sibony, professeur à HEC Paris, lorsqu’on écrit un article pour un journal honnête, le titre doit nous informer du contenu de l’article et nous donner le choix de lire ou pas la suite. Le piège à clic fait exactement le contraire. Il fait en sorte de ne pas vous dire ce que vous avez besoin de savoir, vous incite à cliquer... pour généralement être déçu.
Lorsqu'un lecteur accède à la page de l'article, celle-ci génère des revenus grâce aux espaces publicitaires qu'elle contient. Ces publicités sont souvent payées en fonction du nombre de vues ou de clics. Ainsi, plus le flux de visiteurs est élevé, plus les annonceurs sont disposés à payer pour y diffuser leurs publicités, augmentant ainsi la rentabilité du contenu.


L’objectif du clickbait est de capturer notre attention par tous les moyens. Face la gratuité d'internet, la prospérité des entreprises du Net nécessite que les internautes passent le plus de temps possible sur leurs sites et leurs réseaux. Plus de temps passé = plus de publicités vues = plus d’argent. Alors pour certaines entreprises non scrupuleuses, peu importe que le contenu soit de qualité, ce qui compte c’est l’audience. Or la désinformation et la haine mobilisent, à moindre cout, beaucoup plus d’audience qu’une information de qualité.
La publicité déguisée⚓
Catégorie

Réponse à la question 5

Certaines publicités utilisent les codes rédactionnels du documentaire scientifique ou de la fiction pour se fondre dans l'espace éditorial.
On appel ce type de publications un publireportage, dans lequel on croit y lire un article sur un sujet scientifique ou d'actualité alors qu'il s'agit en réalité de la promotion déguisée d'un produit.
Le contenu de ces publications n'est pas nécessairement faux, mais est souvent partiel et orienté vers des fins commerciales.
C'est donc un contenu trompeur qui entretient une confusion des genres entre l'information, qui lorsqu’elle est issue du monde journalistique, est soumise à un ensemble de règles déontologiques et la publicité. L'objectif est de vendre et non d'informer.


La démagogie⚓
Catégorie

Réponse à la question 10


La démagogie appartient au domaine politique. C'est un discours qui vise à séduire l'opinion en utilisant les émotions, les peurs et les préjugés pour s'attirer la popularité et l'adhésion des électeurs.
Le démagogue fait croire à son public qu'il comprend ses difficultés et lui promet des solutions faussement simplistes à des problèmes qui sont en réalité beaucoup plus complexes.
Le discours démagogique est un discours trompeur. Le démagogue fait croire à son public qu'il s'intéresse à lui, alors qu'en réalité il n'est motivé que par la quête de pouvoir ou la réalisation de ses propres ambitions.
À la façon d'un vendeur peu scrupuleux qui venterait les bienfaits de son produit tout en en dissimulant les défauts, le démagogue tente de convaincre l'opinion en manipulant les faits à son avantage. Il n'hésite pas à utiliser la propagande pour diffuser ses idées et la calomnie pour dénigrer ses adversaires, afin de masquer les propres faiblesses de son discours.
Calomnie et diffamation⚓
Catégorie

Réponse à la question 6

Rappel : L'affaire Salengro
L'affaire Salengro fait référence à une campagne de diffamation menée contre Roger Salengro, maire de Lille et ministre de l'Intérieur sous le Front populaire en 1936. Salengro fut accusé à tort de désertion pendant la Première Guerre mondiale par des journaux d'extrême droite, notamment "Gringoire". Malgré son acquittement par un tribunal militaire en 1926, les attaques persistèrent. Le 17 novembre 1936, accablé par ces calomnies, Roger Salengro se suicida, marquant tragiquement la fin de cette affaire et soulignant les dangers de la diffamation politique.
Définition : Calomnie et diffamation
"Le fait d’imputer méchamment et de façon publique à une personne un fait précis (…) qui est de nature à porter atteinte à l’honneur de cette personne ou de l’exposer au mépris public".
Extrait du code pénal.
La calomnie et la diffamation sont deux termes juridiques qui se rapportent à des atteintes à la réputation d'une personne, mais ils diffèrent par leur nature et leurs implications légales.
Définition de la calomnie
La calomnie, définie par l’article 226-10 du Code pénal, est une accusation mensongère portée contre quelqu'un dans le but de nuire à sa réputation. Contrairement à la diffamation, la calomnie implique nécessairement que l'accusation soit fausse. La calomnie est donc une forme de diffamation qui repose sur des allégations fausses.
Définition de la diffamation
La diffamation est définie par l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse comme l’allégation dans une déclaration publique ou l’imputation d’un fait précis, qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne. Elle peut être écrite (libelle diffamatoire) ou orale (injure). La diffamation ne nécessite pas que l'accusation soit fausse; elle peut être vraie mais doit être faite avec l'intention de nuire.
Différences entre calomnie et diffamation
Calomnie : doit être fausse. Accusation mensongère.
Diffamation : peut être vraie ou fausse. L'important est l'intention de nuire.
Exemples
Calomnie : peut être vraie ou fausse. L'important est l'intention de nuire.
Diffamation : dire publiquement que quelqu'un a commis un crime, même si c'est vrai, avec l'intention de nuire à sa réputation.
En résumé, la diffamation est une atteinte à la réputation par des déclarations publiques, vraies ou fausses, faites avec l'intention de nuire, tandis que la calomnie est une forme de diffamation basée sur des accusations fausses.
Les conséquences juridiques de la diffamation et de la calomnie sont principalement de nature pénale. Toutefois, des sanctions civiles peuvent également être prononcées en réparation du préjudice causé à la victime.
Le but de la calomnie ou de la diffamation est de diaboliser, discréditer, dénigrer, une personne ou un groupe en l'accusant sans preuves tangibles d'actes moralement ou légalement répréhensibles, dans l'intention de lui porter atteinte, de lui nuire ou de ruiner sa réputation auprès de l'opinion publique.
La calomnie peut conduire à des phénomènes de discrimination, de haine sociale, de harcèlement pouvant aller jusqu'à l'isolement, l'agression ou au suicide de la ou des victimes
Ce phénomène de malveillance peut être motivé par la vengeance, des conflits de pouvoir, l'ancrage de préjugés dans la société, une idéologie politique ou religieuse.
Complément : L'affaire Dreyfus

L'affaire Dreyfus est un événement majeur de l'histoire française qui a débuté en 1894 et s'est étendu jusqu'en 1906. Alfred Dreyfus, un capitaine de l'armée française d'origine juive, a été faussement accusé de trahison et condamné à la dégradation et à la déportation à vie sur l'île du Diable. La découverte ultérieure de preuves de son innocence a déclenché une controverse nationale, divisant la société française entre "dreyfusards" (partisans de Dreyfus) et "antidreyfusards" (opposants). L'affaire a mis en lumière des questions de justice, d'antisémitisme et de loyauté nationale. Dreyfus a finalement été réhabilité en 1906, mais l'affaire a laissé des cicatrices profondes dans la société française.
Les affaires Salengro et Dreyfus illustrent de manière poignante les conséquences dévastatrices de la diffamation et de la calomnie, ainsi que le rôle crucial et parfois controversé de la presse dans ces processus.
Conséquences de la diffamation et de la calomnie
Impact personnel et social
Destruction de la réputation : dans les deux cas, les accusations fausses ont gravement nui à la réputation des individus concernés. Alfred Dreyfus a été déshonoré et emprisonné, tandis que Roger Salengro a été poussé au suicide.
Division sociale : ces affaires ont profondément divisé la société française, créant des clivages entre ceux qui croyaient en l'innocence des accusés et ceux qui soutenaient les accusations.
Conséquences juridiques et morales
Injustice et erreurs judiciaires : les deux affaires mettent en lumière les failles du système judiciaire et les erreurs qui peuvent être commises lorsque des préjugés et des pressions politiques influencent les décisions.
Réhabilitation tardive : bien que Dreyfus et Salengro aient finalement été réhabilités, le processus a été long et douloureux, soulignant l'importance de la justice équitable et rapide.
Effets Psychologiques
Traumatisme personnel : les accusations injustes ont eu des effets psychologiques dévastateurs sur les individus concernés et leurs familles. Le suicide de Salengro en est un exemple tragique.
Rôle de la Presse
Amplification des accusations
Propagation des fausses Informations : dans les deux affaires, la presse a joué un rôle central dans la diffusion des accusations. Des journaux, comme "Gringoire" dans l'affaire Salengro et "La Libre Parole" dans l'affaire Dreyfus, ont amplifié les fausses informations, contribuant à la stigmatisation des accusés.
Manipulation de l'opinion publique : la presse a souvent manipulé l'opinion publique en exploitant les préjugés et les émotions, ce qui a exacerbé les tensions sociales.
Responsabilité éthique
Déontologie journalistique : ces affaires soulèvent des questions cruciales sur l'éthique journalistique et la responsabilité des médias dans la vérification des faits et la présentation équilibrée des informations.
Impact sur la société : la presse a le pouvoir de façonner l'opinion publique et d'influencer les décisions politiques et judiciaires. Une couverture médiatique irresponsable peut entraîner des conséquences graves et durables.
Contre-pouvoir et défense de la vérité
Rôle positif : dans l'affaire Dreyfus, certains journalistes et intellectuels, comme Émile Zola avec son célèbre article "J'accuse...!", ont joué un rôle crucial en défendant la vérité et en dénonçant les injustices.
Mobilisation de l'opinion publique : la presse peut également servir de contre-pouvoir en mobilisant l'opinion publique pour la justice et la vérité, comme ce fut le cas avec les dreyfusards.
En conclusion, les affaires Salengro et Dreyfus montrent que la diffamation et la calomnie peuvent entraîner des conséquences tragiques et durables. La presse, en tant que puissant vecteur d'information, a une responsabilité éthique majeure. Elle peut soit amplifier les injustices, soit jouer un rôle crucial dans la défense de la vérité et de la justice.
Propagande⚓
Catégorie

Réponse à la question 8

La propagande et la manipulation de l'opinion sont des stratégies de communication visant à imposer et diffuser massivement une idéologie politique ou religieuse. L'objectif principal est d'orienter les mentalités et de maintenir un pouvoir en place. La propagande cherche à endoctriner les foules de manière à établir un ensemble de croyances comme des vérités uniques et incontestables.
Ce procédé de manipulation de l'opinion est principalement utilisé par les régimes politiques autoritaires pour contrôler les esprits. Par exemple, pendant la Seconde Guerre mondiale, les régimes nazi et soviétique ont massivement utilisé la propagande pour justifier leurs actions et maintenir le soutien de la population. De même, les mouvements religieux radicaux ou les sectes dogmatiques emploient souvent la propagande pour attirer de nouveaux adeptes et renforcer la fidélité de leurs membres.
Une des caractéristiques principales de la propagande est qu'elle repose sur une représentation binaire du monde. D'un côté, il y a les défenseurs de l'idéologie, présentés comme les partisans du bien, et de l'autre, les ennemis, qui sont diabolisés et relégués au rang du mal. Dans ce contexte, la nuance n'existe pas. Si l'on n'est pas pour l'idée défendue, c'est que l'on est contre et que l'on fait donc partie des ennemis du système.
Par exemple, pendant la Guerre froide, les États-Unis et l'Union soviétique ont utilisé la propagande pour se présenter comme les défenseurs de la liberté et de la justice, tandis qu'ils dépeignaient l'autre camp comme l'incarnation du mal et de l'oppression. Cette dichotomie simpliste permet de galvaniser les troupes et de justifier des actions extrêmes contre l'ennemi désigné.
Attention : Propagande et démocratie
La propagande ne se limite pas aux régimes autoritaires ; elle existe également dans les démocraties, bien que sous des formes plus subtiles. Dans ces systèmes, elle passe souvent par les médias, la publicité politique ou les réseaux sociaux, où l'information peut être orientée pour influencer l'opinion publique. Un exemple récent est l'utilisation de la désinformation lors des campagnes électorales. Aux États-Unis, par exemple, des campagnes de manipulation ont été menées via les réseaux sociaux pour semer le doute sur l'intégrité des élections. De même, en France, certaines narratives médiatiques autour des crises migratoires ou climatiques sont parfois biaisées pour servir des intérêts politiques précis. Cette forme de propagande vise à façonner les perceptions sans que les citoyens en soient toujours conscients.
Exemple :

Un exemple historique de propagande en démocratie est le maccarthysme aux États-Unis dans les années 1950. Sous la conduite du sénateur Joseph McCarthy, une intense campagne de peur et de suspicion a été menée contre les personnes supposées être communistes ou sympathisantes de l'URSS. Cette période, connue sous le nom de "Red Scare" (la peur rouge), a vu des centaines d’Américains – artistes, intellectuels, fonctionnaires – accusés sans preuves tangibles et parfois exclus de la vie publique.
Les médias et le gouvernement ont joué un rôle clé dans cette propagande, alimentant la peur d’une infiltration communiste à travers des discours alarmistes et des enquêtes spectaculaires. Des comités comme la House Un-American Activities Committee (HUAC) ont auditionné et blacklisté des personnalités, notamment à Hollywood. Cette chasse aux sorcières a servi à justifier des politiques répressives et à contrôler le débat public, illustrant comment une démocratie peut utiliser la propagande pour manipuler l’opinion et réprimer les oppositions.
Théories du complot⚓
Catégorie

Le discours complotiste offre une narration alternative au récit officiel, réinterprétant les faits et les événements sous l'angle d'un complot. Il postule l'existence d'un pouvoir secret détenu par un petit groupe d'individus agissant dans l'ombre, avides de pouvoir et manipulant les masses avec des intentions malveillantes. Certaines théories du complot suggèrent que des événements majeurs comme les attentats du 11 septembre 2001 ou la pandémie de COVID-19 ont été orchestrés par des élites cachées pour servir leurs propres intérêts.
Selon la mentalité conspirationniste, rien de ce qui arrive n'est dû au hasard. Tout est perçu comme le déroulement d'un plan visant à contrôler ou exploiter la population à son insu. Certaines théories du complot affirment par exemple que les vaccins contre la COVID-19 sont en réalité des outils de contrôle de la population, implantant des puces électroniques ou altérant l'ADN des individus.
Ceux qui dénoncent ces complots se présentent souvent comme des lanceurs d'alerte, se donnant pour mission d'éclairer une population qu'ils considèrent comme aveugle et manipulée. Ils se positionnent comme des héros modernes, révélant des vérités cachées que les médias traditionnels et les institutions refuseraient de divulguer.
Le récit complotiste peut être créé de manière intentionnelle et délibérée dans un but stratégique. Pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, des théories du complot comme le "Pizzagate" ont été utilisées pour discréditer la candidate Hillary Clinton, en l'accusant de diriger un réseau de trafic d'enfants depuis une pizzeria de Washington D.C. Ces récits visent à déstabiliser les mentalités, orienter l'opinion publique, saper l'autorité du pouvoir en place, ou encore stigmatiser une communauté en semant le doute, la suspicion et la méfiance.
En somme, le discours complotiste est un phénomène complexe qui peut entraîner des répercussions profondes sur la société, en érodant la confiance dans les institutions et en polarisant l'opinion publique.
Exemple : La théorie des chemtrails
Cette théorie suggère que les traînées blanches laissées par les avions dans le ciel, appelées contrails (condensation trails), ne sont pas de simples traces de condensation mais des produits chimiques délibérément pulvérisés par les gouvernements ou des organisations secrètes. Ces produits chimiques, selon les théoriciens du complot, auraient divers objectifs néfastes, tels que le contrôle de la population, la modification du climat, ou même la stérilisation de masse.
Origines et propagation
La théorie des chemtrails a émergé dans les années 1990 et a gagné en popularité avec l'essor d'Internet. Des sites web, des forums et des vidéos en ligne ont contribué à la diffusion de cette idée, souvent accompagnée de photos et de vidéos montrant des traînées persistantes dans le ciel. Les partisans de cette théorie affirment que ces traînées sont différentes des contrails ordinaires, qui se dissipent rapidement, et qu'elles contiennent des substances toxiques comme l'aluminium, le baryum et le strontium.
Arguments avancés
Les adeptes de la théorie des chemtrails avancent plusieurs arguments pour soutenir leurs affirmations :
Observations visuelles : ils montrent des images de traînées qui semblent persister plus longtemps que les contrails habituels.
Analyses chimiques : certains prétendent avoir trouvé des niveaux élevés de métaux lourds dans des échantillons de sol ou d'eau, qu'ils attribuent aux chemtrails.
Témoignages : des témoignages de personnes affirmant avoir vu des avions pulvériser des substances chimiques ou avoir été témoins de comportements suspects autour des aéroports
Mobiles prétendus
Contrôle de la population : certains théoriciens du complot croient que les chemtrails sont utilisés pour contrôler la population en modifiant leur comportement ou leur santé. Par exemple, ils pourraient être utilisés pour rendre les gens plus dociles ou pour réduire la fertilité.
Modification du climat : une autre motivation souvent citée est la géo-ingénierie, où les chemtrails seraient utilisés pour modifier le climat à grande échelle. Cela pourrait inclure des tentatives de refroidir la planète pour contrer le réchauffement climatique ou de provoquer des conditions météorologiques spécifiques pour des raisons militaires ou économiques.
Profits économiques : certains croient que les chemtrails sont utilisés pour créer des conditions favorables à certaines industries, comme l'agriculture ou l'énergie, en modifiant les conditions météorologiques.
En conclusion, la théorie des chemtrails illustre bien comment les discours complotistes peuvent être construits et propagés pour servir diverses intentions, allant du contrôle de la population à la déstabilisation sociale. Ces théories, bien que souvent dépourvues de preuves scientifiques solides, peuvent avoir des impacts profonds et durables sur la société.
En conclusion⚓
Il est primordial de pouvoir identifier et distinguer les différentes formes de désinformation pour en comprendre les intentions. L’éducation aux médias ne se limite pas à reconnaître une fausse information mais consiste également à comprendre pourquoi elle a été créée et comment elle peut impacter la perception du monde, renforçant ainsi une culture de vigilance et de responsabilité. Certaines formes de désinformation, comme les théories du complot et la propagande, visent à manipuler l’opinion publique en instillant le doute ou en orientant les croyances vers des idéologies spécifiques. D'autres, comme les escroqueries et les pièges à clics, exploitent la crédulité des internautes à des fins purement lucratives, tandis que les canulars et les erreurs involontaires, bien que moins graves, peuvent contribuer également à la confusion générale.
Cette activité cherche à aiguiser la lucidité des élèves en leur permettant de reconnaître les stratégies employées pour influencer les opinions et éviter la propagation involontaire de fausses nouvelles. Comprendre qu’une théorie du complot vise souvent à renforcer une vision biaisée du monde, ou qu’une fausse alerte sanitaire peut générer des profits pour certains acteurs peu scrupuleux, permet de prendre du recul face aux contenus qui circulent en ligne.