De quoi cherche-t-on à convaincre ?

D’un point de vue, d’une thèse d’une opinion que l’on a soi-même et que l’on a envie de faire partager à d’autres. L’opinion n’est ni fait ni un sentiment.

Où rencontre-t-on des opinions ?

  • Les conflits d’intérêt dans l’espace public (voisins, ceux avec qui nous partageons un même territoire)

  • Les situations professionnelles, lorsque nous sommes amenés à donner notre avis au travail

  • Les débats de société, ou se prépare le cadre législatif de demain

  • Le domaine du politique, c’est-à-dire les décisions qui concernent la cité, la région ou la nation

  • L’espace judiciaire, là où se règlent les conflits, où se maintient l’ordre public et où se régulent les mœurs

  • Le champs des relations privées, où, avec son conjoint, ses amis, ses proches, on est amenés à décider ensemble pour agir en commun

  • Le vaste domaine du marché de la consommation de la vente, de l’achat, de la publicité

(Philippe Breton)

Un exercice difficile

Convaincre est difficile car chacun est attaché à ses opinions. Elles structurent notre identité. Convaincre, c’est donc nécessairement bouleverser des équilibres et les représentations. Accepter l’opinion d’autrui, se laisser convaincre, c’est aussi perdre d’une certaine manière une partie de soi, de son identité, de son autonomie de penser et consentir à son interlocuteur un pouvoir.

Une compétence démocratique 

« L’opinion, c’est-à-dire ce qui est discutable et débattu n’existe pas dans les régimes totalitaires. Là, c’est la vérité d’un seul, ou d’un parti, qui s’impose à tous, en général par la coercition physique et la propagande, qui est de la coercition mentale. Convaincre, c’est-à-dire proposer aux autres de partager l’opinion qu’on leur soumet, est une activité qui se déploie pleinement dans la démocratie.

«  L’invention démocratique est une manière de déployer la parole, de la transformer en action. Convaincre quelqu’un, c’est agir sur lui avec la parole. La parole pour convaincre, est une force qui n’engendre pas de domination. La démocratie est une manière de s’affronter pacifiquement. Le principe matériel de la démocratie est la symétrie entre les personnes, qui se traduit concrètement par l’égalité reconnue de la parole de chacun. Ce principe de symétrie dans la parole à des conséquences très importantes dans la manière dont nous nous adressons aux autres pour les convaincre. »

(Philippe Breton, Convaincre sans manipuler, apprendre à argumenter, La découverte, 2015, p.23)