« La machine informe, l’animal également, « l’homme transmet de l’information mais il le fait très mal. […] du point de vue de l’information, nous sommes bien en deçà des performances dont sont capables les plus primitifs des animaux sur l’échelle de l’évolution. Les machine, que nous avons inventées justement pour stocker et traiter l’information, nous dépassent de ce point de vue d’une manière inimaginable […] l’homme met du sens partout. Il ne peut pas se défaire de la continuelle production de sens qui caractérise sa parole, au point qu’il doive renoncer à ce qui fait pourtant le lot commun du moindre animal, voir sentir, percevoir le réel de la même façon que son congénère. S’accorder sur un minimum de points de vue commun nécessite un gigantesque travail pour des résultats toujours assez modestes, et toujours à recommencer. […] Nous sommes de piètres mémoires et des témoins bien imparfaits. Deux hommes confrontés au même événement, le plus simple, le plus visible, produiront deux récits distincts, et chacun d’entre eux jurera avoir vu ce qu’il a, de ses yeux vu. Tous les professionnels du témoignage (policier, magistrats, journalistes) le disent, rien n’est moins fiable qu’un témoin, sans parler de la formidable capacité de notre mémoire à transformer, à oublier, à mélanger.[…] La parole est ainsi faiblement informative et fortement argumentative. »
Les critères d’une bonne information :
Objectivité : Informer c’est donc s’attacher aux faits aux données, aux éléments objectifs et les distinguer de leurs interprétations subjectives (impressions et jugements, opinions).
Fiabilité : L’information doit être fiable c’est-à-dire fidèle aux faits sans les déformer.
Authenticité : l’information doit être vraie, d’où l’importance de vérifier les sources.
Les compétences du locuteur :
Précision : des données quantifiées, mesurables
Exhaustivité : ne pas négliger certains fait aux détriments d’autres sous peine de produire un
mais aussi une capacité à contextualiser : connaitre le contexte dans lequel se produit un évènement (causes, conditions), ou dans lesquelles sont produites des données (instruments de mesure, formulation des questions dans un sondage, etc..) afin de déjouer les éventuels biais.
Une Capacité également à hiérarchiser, organiser l’information : trier, dissocier les éléments capitaux des éléments secondaires. Or, ce dernier point laisse une part à l’interprétation, au jugement, puisque tout le monde n’aura pas la même perception de ce qui constitue un élément principal ou secondaire.
Informer et communiquer
Le paradoxe de l’information c’est que ces critères sont nécessaires pour établir un jugement éclairé, mais en même temps, la juxtaposition des faits ou de données ne fait pas toujours sens pour celui qui reçoit cette information brute. Nous avons tous fait l’expérience un jour ou l’autre d’un médecin expliquant la maladie à un patient ou à ses proches en termes techniques. Les éléments apportés par le médecins sont précis, factuels, mais ne permettent pas au non initié de se faire une idée de la pathologie dont souffre le patient.
Si on me dit que le réchauffement climatique fera monter la température de 5° je n’ai pas forcement conscience des implications d’une telle information. Après tout qu’est-ce-que 5° degré de plus ou de moins dans la vie de tous les jours ?
Bien qu’une description précise soit un élément essentiel pour informer, une médiation demeure le plus souvent nécessaire pour fournir une analyse, un diagnostic, c’est-à-dire une interprétation qui fasse sens. L’important n’est donc pas tant de ne pas émettre de jugement que d’afficher clairement quelle est la part des données et la part d’interprétation de ces données. L’interlocuteur doit disposer de tous les éléments préalables nécessaires lui permettant de partager ou de réfuter une conclusion.
Se représenter : l’objectivité est-elle suffisante ?
D’autre part, une description froide, quantitative ne suffit pas à rendre compte de l’ampleur d’un événement. Il est difficile par exemple de se représenter l’horreur de la guerre vécue par ceux qui la subissent, uniquement avec des chiffres décrivant le nombre de victimes, de blessés, ou le nombre de destructions subies. La description factuelle doit alors être complétée par les témoignages, les images permettant de rendre compte de la souffrance des populations.